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SERIGNE MADEMBA THIAM (RTA)

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Surnommé « Serigne Gankette », Serigne Mademba THIAM, ce juriste malikite, naquit à Teudé Bitty dans le Walo en 1860 de Sokhna Faty NIANG et Ibrahima THIAM.

Il est issu d’une famille modeste mais très ancrée dans les valeurs islamiques. Très tôt, son père fut rappelé à Dieu (swt) et Serigne Mademba THIAM fut confié à Tafsir Bouya FALL, un soufi de la Tarikha Qadriya qui devait assurer son initiation à la culture islamique. Il lui a appris le Coran, la Charia et plus tard il lui donna le wird Qadriya alors qu’ils vivaient à Gankette Dakhar.

Après avoir fréquenté pendant une certaine période l’école de son village, Serigne Mademba effectua des déplacements périodiques dans d’autres villages du Walo et dans la périphérie du fleuve Sénégal, à la rencontre d’autres savants et oulémas dont certains venaient de la Mauritanie. Au cours de ce périple, il acquit une vaste culture islamique.

Sa maîtrise des textes amena le Commandant de Cercle de Dagana de l’époque à lui proposer les fonctions de Chef de Canton et même celles de Cadi (juge), ce qu’il refusa tout naturellement. Tout juste accepta-t-il finalement de donner son avis sur les cas litigieux sur lesquels son expertise était sollicitée pour trancher définitivement.

Serigne Mademba était un Sheikh Qadr très influent dans le Walo, mais à cette époque le village de Gankette enregistrait déjà des disciples tidianes, en l’occurrence Mor Fall Khoudia, Omar Gaye Niang et Madi Thiam. En dehors de ces précurseurs, tout le village était qadr.

Juste avant les années 1900, un Mouqadam tidiane venant du village de Mbilor, du nom de Serigne Ndaraw Gaye, vint rendre visite à ses condisciples de Gankette. A la sortie de la mosquée après la prière de Asr, il croisa Serigne Mademba ; le disciple tidiane tenait alors dans ses mains un livre qui était une compilation ‘’Jawahirûl Ma’ani’’ et ‘’Rimah’’. Après les salutations d’usage, Serigne Mademba emprunta le livre qu’il lut pendant 10 jours. En son absence, Ndaraw Gaye dit à ses condisciples « si les connaissances de ce Sheikh Qadr sont bien éclairées, il s’affiliera à la voie de Seydi Cheikh Ahmad AT Tidjani rta après lecture du livre emprunté. »

Pour sa part, Serigne Mademba venait de découvrir tous les bienfaits de la tarikha Tidjane rapportés dans le livre ainsi que les garanties qui l’accompagnent.  Il n’hésita pas une minute et s’en alla exprimer à Ndaraw Gaye son intention de prendre le Wird Tidiane. Celui-ci lui recommanda d’aller à Saint Louis rencontrer Sheikh Seydi Hadj Malick Sy rta pour cela.

Serigne Mademba entreprit le voyage avec Atoumane Dièye et Bouya Fall Thiam. Une fois arrivés à Saint Louis, devant Seydi Hadj Malick Sy, qu’on appelait à l’époque Malick Fawade, il lui expliqua son histoire. Entre la prière de Maghrib et celle d’Icha, Seydil Hadj Malick lui donna le Wird Tidiane et la Licence (Ijaza Itlaq) et lui dit « Tu fais désormais partie des lieutenants de Cheikh Ahmed Tijani (rta) ».

A son retour au village de Gankette, Serigne Mademba rassembla tout le village et les informa qu’il venait de s’affilier à la Tarikha Tidjane. Après avoir entendu les raisons de son adhésion, la population suivit le nouveau Mouqadam dans son choix.

Serigne Mademba Thiam participa au séminaire de Ndiarndé vers 1895. A la suite de cette importante rencontre, il s’aligna sur la stratégie et les orientations du Maître Seydil Hadj Malick rta pour la revivification du message prophétique dans le Walo et la propagation de la tarikha Tidiane dans cette partie du Sénégal particulièrement influencée par la Mauritanie et la Tarikha Qadriya.

En 1902, il instaura, pour la première fois dans le Walo, la célébration de la naissance du Prophète Mouhamed (psl) dans le village de Gankette Nguinth, sur bénédiction de son Maître.

Il quitta ce village pour fonder celui de Gankette Bala en 1918, il y construit une Zawiya où les fidèles pouvaient enfin se retrouver pour leurs prières et leurs litanies du Wird Tidiane.

Dans le livre de Paul Marty « Etudes sur l’Islam au Sénégal », l’auteur  témoigne sur Serigne Mademba, « un Marabout intelligent, lettré et influent … ». Il dit de lui qu’il était un « riche cultivateur ». Il rapporte qu’en 1919, après une très bonne récolte, Serigne Mademba décida de faire un Cadeau « Adiya » à son maître Seydil Hadji Malick Sy rta ; il chargea des chameaux et des bœufs de mil jusqu’à Sakkal. Ensuite, il alla jusqu’à Saint Louis où il loua un Wagon spécial pour transporter le mil à Tivaouane. Une fois à la gare, en compagnie de Bouya Fall Thiam, ils sont accueillis par un disciple de Maodo, du nom de Ahmad Lô, que le Sheikh a envoyé à l’accueil de ses hôtes qui, pourtant, n’avaient point prévenu de leur visite.

Serigne Mademba reçut les remerciements et prières de son maître avant que celui-ci ne quitte ce monde en 1922. Serigne Mademba se fit un devoir de retourner à Tivaouane pour présenter ses condoléances au Khalif de Maodo, Cheikh Seydi Aboubacar, et lui renouveler son allégeance.

A son retour à Gankette, il n’eut de cesse, trois jours durant,  de louer le Seigneur en ces termes : « ALHAMDOULILLAH, ALHAMDOULILLAH ! ».  Un de ses condisciples du nom de Malick Sarr lui demanda pourquoi il répétait sans cesse ces termes. « Maodo bayyina ndono » lui répondit Serigne Mademba, en parlant de Serigne Babacar Sy rta.

« Serigne Gankette » mourût et fut enterré à Gankette en 1962, soit dix ans après son maître ; il laissa un prestigieux héritage.