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À Seydil Hadji Malick (ra), entre méthodes, disposition et résolution (par Sheikh Alassane Sène)

1856
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Le colon avait quadrillé le Sénégal, pour empêcher que la foi en Dieu prime sur sa passion. Cette passion vouée à livrer le monde à ses pieds, en quête de trésor et de pouvoir.

La domination dans ses entrailles, dans l’unique but d’abréger le désir des peuples à humer les mystères du Seigneur, en le cherchant partout afin de s’accrocher à Lui. La résistance spirituelle s’organisa alors. Survint dans ces instants de désordre invivable, Maodo Malick, au caractère noble, à la fine intelligence, qui avait fini par contraindre le colon à s’intéresser à sa démarche. Ce même colon avait dit non à tout le monde, sauf à Maodo Malick. Lui, [le colon] qui a sûrement lu « Ifham al munkiru jaani » (réduction au silence du dénégateur)

Le fils de Gaaya avait son idée, et finement mûrie, il la déroula. D’une tendre provocation, il avait installé ses Zawiyas à deux pas des palais des gouverneurs, et à un pas des églises. Son visage si rayonnant et sa forte personnalité avaient fini d’influer sur les décisions du colon, d’apaiser les humeurs de ce dernier, et de forcer le respect.

Maodo Malick avait le génie des mots, en prose et le talent de leur emploi en acrostiche, ses chants dédiés à l’ultime Envoyé de Dieu, étaient passés au peigne fin par la commission scientifique coloniale, qui sillonnait l’Afrique noire, de Kanu à Freetown, en guise d’alerte. Il n’y avait que Maodo Malick qui pouvait les séduire, à tel point qu’il était devenu le plus respecté de tous. Mimiya (Khilaçu Zahab) aux portes de nos veines, reine des textes.

La lire, fait penser que son auteur habitait le Hedjaz dans le 7é siècle. Il maîtrisait l’environnement dans lequel est né le Paraclet (psl), au point que le lecteur pense que Maodo Malick était l’architecte désigné de cette ville sainte. Il connaissait parfaitement la vie d’Abdallah et de ‘Amina, comme s’il avait partagé avec eux la même demeure. De l’union des deux à la naissance de l’illustre fils, Maodo Malick n’a laissé aucun détail, comme si son Seigneur lui avait instruit de présenter un rapport. Ce dernier était parfaitement bien détaillé.

Il changea la vie des habitants de Tivaouane, la jouissance était plaquée à terre, enterrée loin des plaines sacrées, détrônée par la vérité, socle de la vérité, Aboul Abass Ahmada Tijani (ra) était passé par là. Seydil Hadji Malick est véritablement son digne héritier, Saldé en témoigne, dans les mains tendres de Gaaya.

Alors que le colon n’aimait pas être coupé de sa quiétude, Maodo Malick, subtilement, avait enfreint cette règle. Toutes les aubes et tous les crépuscules, retentissaient dans les oreilles du colon, des voix en parfaite harmonie, le long d’un drap, du blanc de Kawthar, un texte fluide qui contacte l’âme, n’est-il pas rédigé par le père de Fatima Az’Zahra (psl) destiné à son petit-fils, né à Aïni Maadi, dont le sublime mausolée illumine Fez.

Maodo Malick avait pris les dispositions d’endurer et d’exceller dans le pardon, et cela lui avait ouvert la voie de la félicité. Il gardait toujours les liens avec celui qui avait décidé de les rompre avec lui, et de pardonner à celui qui lui avait fait du tort.

Il est cet astre qui illumina les terres promises, éteint en la Perle de la Perfection (Jawharatoul Kamal). Qui a servi Dieu sans tâche ni relâche. Il est le père du « diamant noir » [Khalifa Ababacar Sy], sublime poète et fin exégète. Il est aussi, le grand-père d’Al Maktum, auteur de Fa Ileyka. Il a défriché Tivaouane sans verser la moindre goutte de sang, devant des païens, devenus ses disciples et compagnons. Maodo Malick savait retaper l’homme, il avait des dons pour fixer l’âme, il savait aussi la redynamiser. Il a instauré le Gamou, devenu événement phare dans notre pays, dédié au meilleur des hommes. Il nous a fait découvrir Al Burda d’Al Busiri, ses mystères et ses merveilleuses portes diamantées des sublimes noms et attributs du meilleur des hommes.

Depuis des années, ô discret maître aux ailes fécondes et à l’âme immortelle, j’ai cherché à te chanter, les mots m’échappaient face à la grandeur de ta noble mission. Servir Dieu dans un contexte païen, dans une société où le vice planait sur tout, il faut être Maodo Malick pour réussir un tel challenge. Tu as percé des consciences, bercé des cœurs, en soignant leurs plaies, saignant de partout, pour arriver à parfaire l’homme dans sa quête du bien et dans son amour pour le révélateur du Noble livre.

Tivaouane est connecté au Gamou, béni soit l’homme qui a initié cette exaltation de l’âme. Que ses œuvres soient sanctifiées, que son nom suscité, continue de rayonner dans nos cœurs et dans nos actions, que sa progéniture demeure élevée par la grâce de celui pour qui, Dieu a élevé le nom, la demeure, la communauté, les actions, la pensée et la morale. Abba Za’ra (psl), le joyau du Saint Coran (psl).

Sheikh Alassane Sène