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La place du chant dans la célébration du Mawlid

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Qui peut imaginer une célébration du Mawlid sans le chant? De tout temps, ces odes- poèmes destinés à être chantés – dédiés à l’illustre figure de l’Islam qu’est le prophète Muhammad (PSL), ont accompagné les moments de célébration de sa naissance et bercé les fidèles présents. Ils sont souvent des panégyriques magnifiant les hautes vertus qui ont été les siennes et qui lui ont valu, de la part du Seigneur, cet éloge sublime, à la sourate Al Qalam : « wa Innaka la’lâ khuliqîn ‘azîm/ En vérité, tu es d’une éminente moralité ». C’est à ce même verset, sans doute, que Cheikh Seydi El Hadji Malick SY fait écho dans l’un de ces poèmes, qu’il commence par ce magnifique exorde : « narûmu sanâ al mustafâ ba’da mâ atâ sanâ’un minal hâdi alayhî jamîlun / Nous avons l’intention de chanter les éloges de l’Elu après que lui est parvenu du Guide, un bel hommage». Ces poèmes peuvent être également sous forme biographique, tel le célèbre « khilassu –z-zahab fî sîratil khayril arab ». Œuvre phare et à la baraka incomparable du patriarche de Tivaouane, elle présente en une trentaine de chapitres, les différentes étapes de la vie de l’envoyé de Dieu (PSL). Mieux, elle commence par la phase la plus mystérieuse qu’il soit, que l’on appelle « al haqîqatul muhammadiyya / la réalité muhammadienne», sa vie en tant que lumière « détachée » de la Lumière divine et source de tout ce que le Seigneur créera après. Comme l’exprime ce vers : « wa innahû iz arâda lâhu nach’atanâ abâna min nûrihî nura-n-nabiyyil ‘âlami / Assurément, lorsque Allah eut l’intention de nous créer, Il prit de Sa lumière la lumière du prophète connu».
Un autre de ses poèmes à lui dédié est celui intitulé « ar riyy’u-z- zam ‘ân » qui présente le prophète Muhammad (PSL) comme l’abreuvoir des assoiffés. Ceux qui ont un zawq, une soif inextinguible de proximité divine, trouvant en lui, l’intermédiaire agréé. Ar riyy’u-z- zam’ân, autrement appelé Nûniyya, à la différence du khilâs, reprend le bon vieux procédé littéraire que constitue le « ghazal », ce prologue amoureux, tout droit hérité de la poésie anté-islamique arabe et qui est passé dans la poésie arabo musulmane grâce aux classiques dont l’illustre Muhammad al Busayri, le porte-étendard des panégyristes du prophète Muhammad (PSL). Ce grand maître de l’art poétique arabe dont les productions ont, traversant les siècles et les continents, agrémenté et continuent d’agrémenter les séances de chants soufis. Qui ne connaît la Hamziya ? Qui n’a jamais entendu ce fameux vers : « kayfa tarqâ ruqyaka al-anbiyâ’u yâ samâ’a mâ tâwalathâ samâ’u/ Comment les prophètes peuvent-ils s’élever à ton niveau, O ciel à l’altesse au-dessus des cieux ? » Qui n’a jamais entendu parler de la Burdatul madih/ Le poème du Manteau, avec son fameux refrain : « Mawalâya salli wa salim dâ’iman abadâ ‘alâ habîbika khayril khalqi kullihimi »? Incontestablement, leur auteur, Muhammad al Busayri est le plus célèbre des chantres du prophète (PSL). La burda est déclamée et chantée sous tous les tons, dans tous les pays du monde arabo-islamique, où l’on commémore la naissance du prophète de l’Islam. Chez nous, à Tivaouane, les dix chapitres du Poème du manteau animent les dix premières nuits de Rabi’a al- awwal, troisième mois du calendrier musulman et mois de naissance du prophète (PSL), en attendant la douzième nuit, nuit du Gamou.
Pour ceux qui ont suivi la voie de l’amour du prophète et qui y ont éduqué leurs disciples, les odes en son honneur ont toujours été un moyen pour cultiver et faire croître cet amour. On peut y trouver, également, un plus pour son état mystique et une impulsion vers la quête de la Présence divine…
Alors que dans certaines zawâyâs soufies, ces chants sont accompagnés d’instruments de musique et de danses, dans l’Ecole de Maodo, tout au plus admet-on le claquement des doigts par les fidèles, accroupis ou en tailleur, avec les seules voix d’homme. D’illustres noms ont marqué cet art du chant des « qasâid muhammadiyya », Moussé Alé, Daaw Goor et Maodo Gnâma MBAYE et plus tard, Mbaye Donde MBAYE, Issa LAYE. Aujourd’hui, leurs descendants, suivant en cela, leurs illustres pères, continuent à donner à cette noble activité ses lettres de noblesse. Ils ont noms : Abdoul Aziz MBAYE, Daaw Goor MBAYE, Doudou Kende MBAYE et sont autant adulés que peuvent l’être des artistes de la musique profane. Le défi, pour ces familles- qui sont des références pour tous ceux qui s’adonnent à l’art du chant dit religieux- c’est de le préserver de toute forme de folklore ou de mercantilisme susceptibles d’en dévoyer la pureté originelle.
IssA FAYE
Cellule zawiyya Tijaniyya