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Fécondité de la pensée d’El Hadji Malick SY partie 1

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Fécondité de la pensée d’El Hadji Malick SY partie 1

  Dans son rôle d’éducateur et d’enseignant, le Maître El Hadji Malick SY avait compris que la condition humaine, comme son nom l’indique (Al Insane), était prompte à oublier. Dès lors, ne voulant pas que ses années de sacrifices, de combat, de lutte contre l’ignorance et l’analphabétisme soient balayées par le temps comme des feuilles mortes, il se consacra, durant toute son existence, et parallèlement à ses activités cultuelles, pédagogiques et économiques, dans la rédaction d’une abondante et riche œuvre écrite.

     Du reste, les traits biographiques par lesquels les sources écrites et orales peignent l’auteur de « Kifaya Ar rakhibine » nous renseignent largement et suffisamment sur le contenu du message qui se dégage de l’immense œuvre littéraire de celui qui eut une vie infiniment saine. Cette œuvre abondante et variée se caractérise par une grande richesse des thèmes et des genres, une profondeur de l’érudition, une élégance du style, une élévation de la pensée et une réelle beauté de l’expression.

     Tous les ouvrages de l’homme de Tivaouane, poèmes comme proses, remarquablement écrits selon les règles de la littérature arabe classique, font autorité et sont de notoriété universelle.

     On remarque que la versification, qui sa forme d’expression préférée, s’agenouillait sous sa plume. Il maitrisait toutes les règles de cet art poétique. Il utilisait tous les types de vers, courts comme longs.

     En réalité, la versification était pour lui, beaucoup plus qu’une forme littéraire, un outil de traduction spontanée de ses joies, ses peines, ses rêves, ses orientations, ses observations et ses émotions.

     Dans toute son œuvre bibliographique, ce qui fait l’admiration du lecteur averti, hormis l’adresse et le génie inventif, c’est l’intemporalité des questions développées et des principes défendus.

     Le lecteur est, à la fois, ému et frappé par le courage de l’auteur qui pointe le doigt là où le bât blesse, séduit par la beauté littéraire, la courtoisie de la forme, le judicieux choix des mots et la valeur sémantique qui témoigne d’une grande maitrise de la langue arabe. Cependant, le plus impressionnant au-delà de tout cela, c’est que Maodo avait le courage de vivre les idées qu’il défendait ; l’homme et l’ensemble de son œuvre littéraire ne faisaient en réalité qu’un.

     Cette œuvre, comme nous l’ont appris nos maitres de « Daara », embrasse tous les domaines de la vie de l’homme. On y trouve :

  • des panégyriques qui traitent de l’histoire du prophète Mohamed PSL, de la biographie de Cheikh Ahmad Tidiane Cherif (RTA) et/ou qui font l’éloge de Cheikh Oumar Tall (RTA) ;
  • des textes d’orientation qui, pour remobiliser et renouveler la foi et la morale du musulman, traitent des valeurs et de l’éthique ;
  • des oraisons à réciter pour précipiter l’élan du disciple vers son Seigneur ;
  • des leçons sur les questions éducatives, pédagogiques et juridiques.

  Un aspect important qui attire l’attention du lecteur avisé, c’est que la question de ‘’l’au-delà’’ hante systématiquement l’auteur, avec cette aspiration permanente vers Dieu. Le fond de sa pensée est foncièrement sunnite, mais il s’agit d’un sunnisme solidement orthodoxe.

On sent dans l’œuvre de Maodo l’espérance d’une sainte purification et d’une immortalité qui répondent en écho aux besoins profonds de son environnent culturellement pauvre, économiquement inégal, socialement meurtri, moralement dépouillé et religieusement blessé par l’inconscience et l’insouciance. Ce lien permanent qu’établit l’œuvre entre l’auteur et son environnement hostile constitue du reste son originalité.

Serigne Mbaye BA, Tel 77 517 03 42