Home Figures Serigne Abdou Aziz SY Al Amine parrain du 38ieme Journees Culturelles de Mawlaya Abul Abass Ahmed Tijane les 21, 22 et 23 Decembre 2018 a l’Institut Islamique de Dakar

Serigne Abdou Aziz SY Al Amine parrain du 38ieme Journees Culturelles de Mawlaya Abul Abass Ahmed Tijane les 21, 22 et 23 Decembre 2018 a l’Institut Islamique de Dakar

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Serigne Abdou Aziz SY Al Amine parrain du 38ieme Journees Culturelles de Mawlaya Abul Abass Ahmed Tijane les 21, 22 et 23 Decembre 2018 a l’Institut Islamique de Dakar

Serigne Abdou Aziz SY Al Amine,

Le bâtisseur, l’architecte promoteur et défenseur du système sénégalais d’enseignement arabo-islamique

La nouvelle de la disparition de Serigne Abdou Aziz SY Al Amine, Khalif général des Tidianes, la nuit du vendredi, 1er du mois de Mouharram (Tamkharit) de l’année 1439 de l’hégire, était une immense surprise qui a secoué le Sénégal tout entier.

Serigne Abdou Aziz SY Al Amine était un guide religieux, un symbole social et un éducateur pour la génération montante. Il était imprégné de la réalité quotidienne et avait bien saisi la quintessence de la religion musulmane. Sa vie englobait la parole divine qui dit : « Peut-être serait-il opportun qu’un groupe de chaque communauté aille chercher le savoir afin de pouvoir informer les siens à son retour ; peut-être qu’ils pourraient en bénéficier ».

De manière certaine, Serigne Abdou Aziz SY Al Amine était une source de bénéfices : bénéfice pour la communauté humaine ; bénéfice pour la communauté islamique ; bénéfice pour la Hadara Tidjaniya, bénéfice pour la famille de Maodo Malick ; bref, bénéfice pour tous ceux qui l’ont fréquenté.

Parler de Serigne Abdou n’est guère aisé car il est difficile est de savoir par où commencer et où s’arrêter. Que faut-il révéler ? Que convient-il de laisser de côté ? L’homme était un océan difficile à parcourir, un bloc homogène qu’il est impossible de fragmenter.

Toutefois, il nous semble indispensable de faire l’effort de révéler à nos concitoyens la part déterminante que Al Amine a prise dans la création et la consolidation des premières organisations islamiques du pays ainsi que des structures d’éducation islamique et d’enseignement franco-arabe modernes. Son empreinte dans ce domaine reste encore vivace de nos jours.

Serigne Abdou Aziz SY Al Amine ne se contentait pas d’impulser et d’apporter sa caution morale à la création de telles institutions ; il y contribuait par un soutien matériel et financier significatif. Ses œuvres dans ce domaine ont du reste commencé très tôt puisque son père, Serigne Babacar SY (RTA), lui avait confié l’école coranique de la maison bien avant l’indépendance du Sénégal.

Nous sommes à la veille du processus de revendication des indépendances, entre 1945 et 1960. Alors que naissent beaucoup de mouvements de jeunesse revendiquant le slogan « Moom sa Rèèw », les jeunes arabisants, de leur côté, décident de mettre sur pied des associations islamiques. Toutefois, certains d’entre eux, notamment ceux qui revenaient des pays arabes réfractaires au soufisme, contestaient ce courant qu’ils considéraient comme une forme d’exploitation des hommes. D’autres cadres voient donc le jour, parallèlement, sous la direction, pour la plupart d’entre eux, des fils de chefs religieux. C’est dans cette dynamique qu’on peut inscrire la naissance, en 1953, de l’Union Culturelle Musulmane (UCM), du Mouvement des Enseignants en Arabe (MEA) en 1955 et, en 1957, de l’Association Educative Islamique (AEI) dirigée par Serigne Abdou Aziz SY Al Amine sur recommandation de Serigne Cheikh Tidiane SY.

Très vite, le besoin d’unir tous ces mouvements et associations se fait sentir. La première tentative, en 1958, a pour cadre la ville de Thiès, berceau de l’essentiel des effectifs et sections des différentes organisations mises sur pied. La rencontre débouche sur la formation d’un Comité de Coordination des Associations Culturelles Islamiques de Thiès (CCACIT), devenu par la suite une organisation de dimension nationale (CCACIS).

Le rôle joué par Serigne Abdou Aziz SY Al Amine dans ce processus est décisif. Quant à la dynamique ainsi enclenchée, elle inspire tout naturellement les autres foyers religieux du pays. C’est ainsi qu’on voit se multiplier de nombreuses autres associations islamiques parmi lesquelles ‘’l’Union Culturelle Musulmane’’, créée à Diourbel chez Serigne Cheikh Mbacké (rta), l’Association ‘’Ansâroudine’’, née à Kaolack chez Cheikh Ibrahima Niasse (rta), la ‘’Solidarité Musulmane’’ fondée à Dakar, chez le Grand Imam El Hadj Mamadou Lamine DIENE.

Face à ce bouillonnement remarquable, le pouvoir colonial, se sentant sans doute menacé, entreprend de freiner l’expansion en adoptant les mesures suivantes :

–          interdiction de l’utilisation du ‘’tableau noir’’ pour enseigner le Coran ;

–          interdiction de l’enseignement de la langue arabe ;

–          abolition des tables-bancs dans les établissements scolaires franco-arabes créés ;

–          Interdiction de l’enseignement des chansons arabes aux élèves.

Fort courageusement, les responsables concernés décident, comme toute réponse, d’ignorer les interdits proclamés. Cette réaction leur vaut leur convocation devant l’administration coloniale : Serigne Abdou Aziz SY Al Amine, Serigne Moustapha CISSE, El Hadj Oumar DIA, El Hadj Makhtar DIENG sont ainsi interpelés à plusieurs reprises et doivent, très souvent passer toute une journée à répondre à  un interrogatoire policier dont le contenu peut faire sourire de nos jours. Morceaux choisis :

  • Question : Pourquoi vous enseignez l’arabe en tant que langue ?
  • Réponse : c’est la langue de ma religion.
  • Question : D’où viennent les programmes ?
  • Réponse : De nous-mêmes en référence à ceux de quelques pays semblables au Sénégal.
  • Question : Quelles sont vos relations avec les pays arabes ?
  • Réponse : Très bonnes.
  • Question : Que deviennent les sortants de vos écoles ?
  • Réponse : Seul Le Bon Dieu connait l’avenir, mais nous souhaitons qu’ils deviennent les héritiers des chefs religieux qui, en ce moment, garantissent la bonne marche de l’Islam dans ce pays.

Allant plus loin dans sa logique, l’administration coloniale décide de fermer plusieurs écoles dont celle de la Médina à Dakar. C’est dans ce contexte marqué par une certaine tension que Serigne Abdoul Aziz et ses partenaires, plus que jamais déterminés à poursuivre leur lutte en faveur de la promotion de l’enseignement arabo-islamique, entreprennent de se rapprocher des différents foyers religieux du pays pour informer et sensibiliser sur les enjeux de l’action engagée.

C’est ainsi qu’ils multiplient les contacts et les conférences publiques un peu partout dans les grandes villes du pays, au sein des écoles et des associations existantes. Ces actions, qui se tenaient aussi dans des salles de cinéma et autres espaces publics, enregistrent le soutien constant de figures emblématiques telles que Cheikh Al Islam Baye Niass, El hadji Abdoul Aziz Dabakh, Serigne Falilou Mbacké, Serigne Cheikh Mbacké et Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY.

Avec l’accès du Sénégal à la souveraineté internationale, une seconde tentative d’unification des différents mouvements islamiques est initiée à Dakar en 1961. C’est ainsi qu’est mis en place le Comité de Coordination et de Contact des Associations Culturelles Islamiques du Sénégal (CCCACIS) dirigé par El hadj Malick MBENGUE.

Un an plus tard, le rêve de l’unification se réalise. Le 02 octobre 1962 à la Maison des Jeunes de Dakar, est créée la Fédération des Associations Culturelles et Musulmanes du Sénégal (FACMS), qui deviendra la Fédération des Associations Islamiques du Sénégal (FAIS) avec, à sa tête jusqu’à ce fameux 22 septembre 2017, Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine.

Plus d’une fois, Serigne Abdou a eu à financer les projets de la FAIS comme des séminaires, assemblées générales, réunions du Conseil National, prenant en charge tous les frais liés à ces activités. Sans parler de la location des locaux, avant l’édification de l’actuel siège de cette organisation et le financement du Journal ‘’Afrique Musulmane’’.

Voilà révélé un des mille aspects de la lutte que notre bien aimé Al Amine a menée pied à pied pour gagner la reconnaissance du sous-secteur de l’enseignement arabo-islamique et son intégration dans le système éducatif de notre pays. Sur d’autres aspects, que nous développerons dans nos prochaines contributions (comme la défense des étudiants arabisants dans les pays arabes, la prise en compte de l’arabe et des arabisants dans les différents lieux de formation et dans la fonction publique), les acquis arrachés furent spectaculaires.

Sous la direction de Serigne Abdoul Aziz Al Amine, la Fédération des Associations Islamiques du Sénégal (FAIS) a produit de nombreux cadres pour notre pays : diplomates, médecins, ministres, professeurs, producteurs agricoles, Imams, Cadres et Gestionnaires du Pèlerinage aux lieux saints de l’Islam.

On peut affirmer qu’avec la disparition de Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine, c’est un grand bâtisseur qui s’en est allé : bâtisseur du savoir, bâtisseur des édifices du savoir, bâtisseur social, bâtisseur économique, bâtisseur d’un climat politique apaisé, bâtisseur de relations internationales bénéfiques pour tous.

Qu’Allah (SWT) lui accorde son infinie Grâce !

Serigne Moustapha SY Moudir

Fidèle compagnon du bâtisseur