Hier comme aujourd’hui….
Essayer d’écrire sur un homme de la dimension de Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine relève assurément d’une gageure. Aussi, ce soir, nous faudra-t-il élever l’encre jusques aux hauteurs confidentielles de la feuille, jusqu’à la morsure de l’absence, pour essayer de dire un petit mot sur cet « Océan sans rivages », et encore….
Pour ceux qui l’ont connu, ceux qui l’ont même approché, pour ceux qui l’ont pratiqué, pour ses collaborateurs, parents, amis, pour sa famille, il incarnait le modèle achevé de l’élégance morale et intellectuelle, la générosité, autant de qualités en lui faites Homme.
J’ai eu l’honneur et le privilège, par un matin de grâces de l’an 1985, au détour d’obligations professionnelles, d’intégrer sa « Task force » par le canal de son fils Serigne Moustapha Sy. A lui, ma reconnaissance éternelle.
Parler de Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine revient à convoquer, entre autres grandes qualités, l’Elégance morale, spirituelle et physique ainsi que le Courage lucide ; il ne transigeait en effet sur rien face aux intérêts supérieurs de la Religion, de la Tarikha, de la Hadara et de la famille. Ce n’est pas pour rien que feu Ibrahima Diop Barham lui avait décerné le titre de « Général de la Tarikha ». Serigne Abdou, c’était aussi la Noblesse de cœur et d’esprit, la Générosité à l’extrême, l’Intelligence, la Subtilité et la Finesse, le Sens de l’Organisation et de la Méthode, autant de qualités qui se retrouvaient dans un management exquis.
Vous aurez remarqué sans doute que ces parures énumérées ne comportent pas de qualificatif, pour une raison bien simple : le superlatif l’apercevant de loin, s’écarte de son chemin de peur d’être terni par son sillage.
Père de famille modèle, soucieux d’une parfaite éducation de ses enfants, celle-là fondée sur des valeurs religieuses et morales rigoureuses, inspirées du saint Coran. Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine était un militant infatigable engagé dans un islam qu’il a toujours voulu multidimensionnel, faisant de l’ « Imane » sa raison de vivre, et de l’« Ihsane » une mission perpétuelle. Il ne faisait pas de différence entre ses enfants biologiques et ses talibés, tous étaient logés à la même enseigne.
« Né avec sa tenue de travail » comme il aimait à le dire, Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine était le dépositaire de cet héritage séculaire que lui ont laissé ses illustres parents, qu’il a accompagnés et servis avec un respect scrupuleux dans la défense et l’illustration de la CAUSE : socle de toute l’action de la Hadara de Seydi El Hadj Malick SY.
Privilégiant constamment l’Action sur la parole, il a toujours refusé la médiocrité, préférant l’excellence qu’il avait érigée au rang de culte.
Parler de Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine, c’est aussi esquisser quelques traits de sa personnalité multidimensionnelle : sociale, spirituelle, économique, sociopolitique. Il a accompagné tous les dirigeants de ce pays, de Senghor à Macky, dont il était, à l’occasion, le conseiller avisé et discret. Le Sénégal retiendra cet acte symbolique qui met en relief sa dimension civique : à l’occasion des dernières élections législatives, il s’est déplacé personnellement pour aller voter, administrant au monde une immense leçon de citoyenneté responsable. Sur chacune de ses superbes qualités – et j’en oublie, Dieu que j’en oublie ! – d’autres pourraient écrire des livres et des livres. En vérité, des tomes et des tomes ne suffiraient pas s’il fallait égrener sa vie : toute d’ACTIONS.
Aujourd’hui, dans les rues désolées de « Tivaouane la sainte », et dans les cœurs meurtris de sénégalais de tous bords, que d’orphelins !!! Dans de telles circonstances, faut-il le rappeler, les mots n’ont guère d’importance, car l’essentiel se trouve ailleurs que dans l’émotion collective.
Avec la disparition de Serigne Abdoul Aziz SY Al Amine, c’est une page de l’histoire de notre communauté qui se tourne, à jamais.
Pour ma part, ce fut une chance inouïe de l’avoir connu, une fierté d’avoir fait partie de cette équipe à qui il confiait des missions hautement stratégiques au service de la Hadara. J’ai énormément appris à ses côtés.
Aujourd’hui, je mesure à sa juste valeur le « carpe diem » de la vie. Cependant il restera de lui, entre autres enseignements, cet immense viatique qu’il nous a légué, à savoir cette rigueur dans le travail de qualité, valeur qu’il avait sacralisée, mais aussi cet altruisme spirituel, cette générosité d’âme qui ne souffrait pas qu’on manquât de quoi que ce soit d’utile et de nécessaire à une vie saine. C’est cette mystique qui enrobait toute son action. En cet instant, nous n’avons certes pas le cœur à autre chose, mais en pensant à lui, et pour tenter d’estomper notre peine commune, ouvrons largement les portes de l’espérance.
Puisse ALLAH (SWT) lui accorder sa miséricorde et l’accueillir à cette station du paradis exclusivement réservée aux saints.
Khalifa Babacar Gaye