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Le Coskas, la cheville ouvrière du Gamou

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Le Coskas, la cheville ouvrière du Gamou
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Créé dans la ville sainte de Tivaouane en 1968, sous le khalifat de Serigne Abdoul Aziz Sy ‘’Dabakh’’, le Comité d’organisation au service du khalife Ababacar Sy (Coskas) est le maître d’ouvrage de tous les événements religieux importants dans la capitale de la tijaniya, notamment le Gamou commémorant la naissance du Prophète Mohamed (Psl). Avec ses 5 000 membres actifs, le Coskas se donne corps et âme avant, pendant et après le grand Gamou, pour la réussite totale de l’événement. Le tout, au service de leur communauté et suivant sa devise ‘’Foi, discipline et discrétion’’.

 

Dans la ville sainte de Tivaouane, les membres du Comité d’organisation au service du khalife Ababacar Sy (Coskas) sont faciles à reconnaître de par leur accoutrement et leur engagement. Ils ont encore honoré de leur présence la célébration, ce samedi, de la 119e édition du grand Gamou dans la cité de Mame Maodo Malick Sy. Tout de vert vêtus, lesdits éléments prêts à intervenir tout le temps et en tout lieu sont la cheville ouvrière du grand Gamou de Tivaouane. Ils ont géré les millions de pèlerins qui ont pris d’assaut la ville sainte. Mouvement d’avant-garde de la Hadara, le Coskas gagne de plus en plus du terrain avec tous ses membres qui sont devenus incontournables dans l’organisation du Gamou.

Créé à Tivaouane depuis 51 ans, au lendemain des événements malheureux de Mai 68 à Dakar, avec seulement 71 membres au départ, le Coskas avait un double objectif : assurer la sécurité des pèlerins et des autorités religieuses de la Hadara.

Car, au sortir de cette crise estudiantine qui a affecté le président Léopold Sédar Senghor et son gouvernement, l’État, dans son ensemble, ne pouvait déployer des éléments pour assurer la sécurité de la ville sainte et des pèlerins. C’est dans ce contexte que le Coskas a vu le jour. Et avec le temps, sa mission a évolué. De 71 membres, son effectif fut porté à 371 personnes. Puis à 1 500 et 3 000 membres. D’année en année, le Coskas se renforce. Aujourd’hui, il est composé de 5 000 membres actifs éparpillés dans toutes les régions du pays, en Europe (France, Italie, Suisse) et même aux États-Unis. Très actifs et très dynamiques, les hommes et femmes en vert jouent un rôle fondamental dans l’organisation du Gamou de Tivaouane. Ils sont dans les mosquées, dans les cuisines, dans les mausolées, sur les avenues, dans les établissements accueillants du public… Bref, partout.

Leur travail démarre au petit matin jusqu’au soir, sous le regard vigilant des sages dont certains assurent même la fonction de conseillers dans les différentes commissions. Avant d’aller sur le terrain, des séances de briefing sont organisées et présidées par les présidents de commission. D’après son président national, le Coskas est devenu une entité incontournable, qui prend en charge l’ensemble des événements religieux. ‘’Le Coskas compte, aujourd’hui, 5 000 membres actifs qui travaillent d’arrache-pied lors du Gamou. Le mouvement compte, en son sein, 70 commissions dont 23 sous-commissions au Sénégal et 10 à l’étranger. Il s’agit, entre autres, de la commission culture, jeunesse, santé, barrières, ordre (800 membres), escorte, technique, restauration, sécurité, scientifique, organisation, hébergement… Parmi les 5 000 membres, seuls 400 sont de Tivaouane. Les autres nous viennent des autres régions du Sénégal et de la diaspora. Ces derniers n’ont qu’un seul souci : travailler dur et même très dur pour la réussite totale du grand Gamou’’, confie à ‘’EnQuête’’ Mame Ousmane Samb, rappelant qu’au Coskas, la gestion de proximité a toujours été de mise.

Outil d’éducation et de socialisation

Avec les 71 membres au départ, le Coskas avait inscrit la sécurité des personnes et des autorités religieuses de la Hadara dans son agenda-programme. Aujourd’hui, ledit comité s’est agrandi, avec l’adhésion en masse de la jeunesse. Des jeunes filles et garçons qui, malgré un soleil accablant, sont prêts à se déplacer avec leurs chaussettes uniquement. Cela témoigne de leur volonté manifeste de servir leur communauté.

Selon Mame Ousmane Samb, l’un des credo du Coskas, c’est l’encadrement, la formation à la citoyenneté. ‘’Le Coskas n’est pas un ‘dahira’. C’est un service. Avant 2002, il n’y avait pas cette massification par les jeunes. Et ça a été une vision du défunt khalife Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine. Aujourd’hui, nous nous sommes rendu compte que les jeunes sont les héritiers de la Hadara et de la communauté tidiane. Si on ne les pousse pas à s’intéresser au Coskas et aux principes de l’organisation, le moment venu, ils ne sauront quoi faire. Autant les intéresser dès maintenant. Avec leur adhésion, on en profite pour faire d’eux de futurs modèles. Modèles dans l’organisation et modèles de par leur comportement’’, renseigne le président national du Coskas.

Il souligne, au passage, que chaque membre actif du Coskas s’acquitte d’une contribution financière annuelle de l’ordre de 10 000 F Cfa. Cela, dit-il, pour participer au financement de l’organisation du Mawlid.

Au Coskas, le travail pour servir son prochain ne s’arrête jamais. Ainsi, Mame Ousmane Samb précise également que la culture de la solidarité et l’amitié, l’entraide, la générosité, le partage, etc., constituent les valeurs cardinales qui sous-tendent la démarche de chaque membre du Coskas. ‘’Les jeunes sont tous issus de cette communauté. Il suffit tout simplement de les pousser davantage à aimer ce qu’ils font et ils vont y arriver. Ils sont nés et vivent dans la tijaniya. Ils connaissent Seydi El Hadj Malick Sy et Serigne Babacar Sy, et connaissent aussi le Sénégal. A nous de les aider à cultiver davantage la citoyenneté. Quand on est un bon citoyen, on est forcément un bon musulman. Serigne Cheikh (Ahmed Tidiane Sy) disait qu’il ne s’agit pas d’être trop juif, ni trop chrétien. Il faut être tout simplement un partisan de Dieu pour vivre en paix. Donc, il faut que la jeunesse de notre pays comprenne cela’’, poursuit Mame Ousmane Samb qui préside aux destinées du Coskas depuis 10 ans.

Président de la commission restauration (150 membres) du Coskas depuis 15 ans, El Hadj Serigne Babou invite les jeunes à mettre en avant leur foi, leur discipline et qu’ils soient discrets le plus possible dans leur vie de tous les jours, comme le stipule la devise du Coskas.

Trouvé en pleine séance de briefing, Serigne Babou, entouré de ses membres, soutient aussi que la commission qu’il dirige est toujours prête à se jeter dans le travail pour un Gamou ‘’sans faute et plein de succès’’.

BIGUE BOP ET GAUSTIN DIATTA (ENVOYES SPECIAUX A TIVAOUANE)

SOURCE: ENQUETEPLUS