Home Soufisme Glossaire de quelques concepts de la tijâniyya et du soufisme

Glossaire de quelques concepts de la tijâniyya et du soufisme

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1- Tarîqa (plurielturuq) : Ce terme désigne une voie, un ordre, une confrérie  soufie. Une tariqa est sous la direction  d’un maître (shaykh), qui est un guide spirituel avec lequel  les disciples (murid) sont liés par un pacte d’allégeance (mubâya’a). La tarîqatu tijâniyya a été suscitée par le prophète (psl) lui-même qui est apparu à l’état de veille à Seydina Cheikh Ahmed Tidjane (rta) à Abû Samghun dans le désert Algérien actuel, lui demandant de mettre sur pied cette tarîqatu ahmadiyya muhammadiyya hanifiyya ibrahimiyya tijaniyya, lui en donnant les litanies et oraisons,chartes et garanties. Le prophète Muhammad est pour les tidjanes, le maître de notre voie, Seydina Cheikh n’en étant que le plus grand des disciples, voire le lieutenant du prophète (psl).

2-Muqaddam: C’est celui qui a été investi du pouvoir de conférer l’initiation dans la voie,c’est-à- dire d’admettre un sollicitant (murîd), qui formule la demande d’adhésion. L’investiture  à la charge de muqaddam se fait  par l’octroi d’une ijâza (capacitation ou diplôme).  Il y a différents grades de muqaddam, certains ont une investiture limitée ( dite muqayid) d’autres, intégrale (itlâq ou mutlaq). Le muqaddam qui a une investiture étriquée ne peut donner que les litanies de bases, obligatoires et à un nombre limité de disciples. Il peut se faire renouveler l’autorisation par son propre maître..Le détenteur de l’investiture intégrale (itlâq) a pouvoir d’initier à toutes les oraisons et litanies, les  basiques ou essentielles, bien sûr,  mais aussi celles pour disciple avancé, ainsi qu’aux secrets.. Le terme de muqaddam est synonyme de shaykh (maître), au total  et en résumé, il y a quatre types de muqaddam : deux catégories de muqayid et deux de moutlaq.

                a- Il ne peut donner que les oraisons essentielles et à un nombre limité, il se fait renouveler l’autorisation chaque fois qu’il a atteint la limite.

                b-La deuxième catégorie de muqaddam confère le wird et peut nommer un nombre limité de muqaddam.

                c-Le muqaddam mutlaq qui peut donner toutes les oraisons, basiques comme facultatives et nommer des muqaddam qui seront limités.

                d- La dernière catégorie de muqaddam n’est limitée en rien, il a les mêmes attributs que la troisième catégorie mais en sus, il peut initier aux secrets. C’est un calife, c’est-à-dire un lieutenant.

3-Talqînil wirdi :C’est l’initiation et la séance d’adhésion même. Elle suit un certain rituel, la formulation de la demande par le murîd au muqaddam (maître, shaykh) qui lui lit les chartes, qui sont au nombre de vingt-trois, si le disciple les accepte toutes dans leur intégralité, alors l’adhésion pourra se faire. Après l’acceptation de toutes les conditionnalités, novice et initiateur se serrent la main et l’initiateur récite un verset du coran qui parle d’allégeance :« innal lezîna yu bâyi’ûnaka, innamâ yubâyi’ûna lâh, yadulâhi fawqa aydîhim… » (Ceux qui te prêtent serment d’allégeance (le prophète Muhammad, psl), ils le prêtent à Allah, en vérité. La main d’Allah est au-dessus des leurs…).  Ce pacte scellé, c’est une redoutable responsabilité que de ne pas le respecter ad vitam aeternam, gare à la rébellion!

5-Wird (pluriel, awrâd): Ce sont les oraisons basiques, obligatoires et  individuelles qui se font le matin et le soir. Le wird est constitué d’un certain nombre de formules à réciter un certain nombre de fois. Il désigne, familièrement, l’adhésion à la voie.

6-Wazîfa :« Al ijtimâ’u lil wazîfati wajab, in kâna ikhwânun wa mâ khîfal ghalab «  (El hadji Malick SY, dans fâkihatu tullâb). C’est une séance collective, après la prière du matin et celle de takussan ou de timis. A peu près constituée des mêmes formules que le lâzim, en sus d’autres qui lui sont propres et qu’on ne retrouve pas dans le lâzim. « La présence aux assemblées de wazîfa est une obligation, si  confrères disponibles et  sécurité il  y a. »

7-Hadaratul jumu’a :C’est la troisième occasion de zikr (mémoration) obligatoire. C’est une séance collective aussi, mais elle est hebdomadaire, se tenant les vendredis, entre la prière de asr (tâkusân) et celle du maghrib (timis).

8- Izn :C’est l’autorisation conférée. Par exemple l’investiture comme muqaddam est une autorisation à donner le wird. Elle peut concerner  aussi l’usage de telle formule, comme par exemple les oraisons facultatives. En effet, en dehors des formules de base, il existe des oraisons pour disciple avancé, leur  récitation exige une izn ad hoc.

9-Ijâza :C’est la capacitation ou diplôme par lequel on est admis au grade de muqaddam, l’ijâza sanctionne en quelque sorte un cheminement et reconnaît l’aptitude à l’initiation. Son octroi ne se fonde  pas que sur  les connaissances,  des critères mystiques peuvent entrer en considération.

10-Sirru (secret, pluriel : asrâr) : Comme son nom l’indique, il n’est pas accessible à tout le monde…

11-Tarbiyya :C’est l’éducation mystique par lequel on peut accéder aux secrets par exemple (asrâr). Par la tarbiyya on élève l’âme (tarqiyya) vers la perfection, la sainteté. Elle se fait souvent par un sur plus d’oraisons, en dehors des basiques, naturellement.

12-Tawassul :Le terme signifie littéralement intercession ou intermédiation. Le tawassul consiste à solliciter Allah par l’intermédiation du prophète ou d’un saint : (quand on dit « bi barakati Seydina Muhammadu rassulu lâh …) ou bijâhi Cheikhi tijâni…)

8-Silsila ou sanad:C’est la chaîne  de transmission qui garantit l’authenticité de l’habilitation à donner  le wird ou même à conférer l’ijâza ou l’izn. La silsila c’est la traçabilité, depuis le shaykh qui est en train de donner, on remonte jusqu’à son maître, puis le maître de celui-ci, jusqu’à arriver au prophète (psl). Par exemple la silsila de Seydi El Hadji Malick  la plus célèbre, car il en a plusieurs (cf l’avant-propos de ifhâmul munkiril jâni, troisième tome du corpus de la thèse du professeur Ravane MBAYE, publiée sous le titre, Le grand savant El H. M. SY,pensée et action), est : de Alpha Mayoro, qui tient de El Hadji Omar TALL,qui lui-même tient de Muhamad al Ghâli qui tient de Cheikh Tidiane, lui-même du prophète (PSL).

9-Himma: C’est le dessein, l’ambition spirituelle. La tariqa tijani est une voie qui éduque selon la himma. Le novice peut accéder à toutes les sphères de la sainteté, tout  dépend de l’ambition qu’il se fixe.

10-Martaba (pluriel : marâtib) : Ce sont les grades (ou degré), dans le cheminement (sulûk) du sâlik (celui qui chemine dans la voie).

11-‘Arif/ma’rifa :  (le connaissant/ la gnose) : Celui qui arrive à un degré de connaissance approfondie des arcanes (la gnose) est appelé ârif billâhi (le connaissant en Dieu ou gnostique). Il a un intérieur dépouillé et accède ainsi à des connaissances sublimes et profondes, infuses même, à des réalités (haqâ’iq) qui ne sont pas données. Le‘ârif, c’est Allah (exalté soit-il !) Qui l’abreuve de sciences et répond à ses interrogations, sa compréhension de la Religion comme des choses de ce bas-monde est par conséquent d’une sublime délicatesse…

12-Walî/wilâya :(l’allié/ l’alliance) : Un wâli est un allié de Dieu dans la sainteté. La wilâya (l’alliance à Dieu) est  un des grades et le nom générique donné aux saints. Dénigrer l’un des saints de Dieu équivaut à déclarer la guerre au Seigneur. «  Man ‘azâlî walîyan fa qad a’zantuhu bil qarb». « Celui qui dénigre l’un de mes saints, je lui déclare la guerre », hadith qudsî.

13-Qutb (pôle, pluriel: aqtâb) : Dans la hiérarchie de la sainteté, c’est l’échelon le plus élevé, ils sont quatorze, dont les sept sont appelés aqtâb, les sept autres  mafâtihul kunûz ou détenteurs des trésors divins, selon les enseignements de Abdoul Aziz Dabbâgh, l’auteur des paroles précieuses contenues dans kitâbul ibrîz sous la signature de son disciple Ahmed ibn Mubârak.  Seydina Cheikh (rta), fondateur de la tijaniyya est désigné sous le titre de qutbul maktum ou pôle caché en ce sens qu’il  lui a été conféré par Allah (swt),la station la plus élevée dont les attributions ne sont connues que du prophète et d’Allah (la katmiyya), il est aussi qutbul makhtum parce qu’il est aussi le sceau de la sainteté muhammadienne, ce quisignifie que toute éternité, tous les saints sont sous sa coupe. «hadamâya ‘âtâni  ‘ala raqabati kulli waliyin, min ladun Ädamailâ yawmi nafhi fî sûri » (mes deux pieds que voici sont sur l’encolure de tous les saints, depuis notre ancêtre Adam jusqu’au jour où l’on soufflera dans les trompes), seydina Cheik dixit.  Le chef des wâli de chaque époque est appelé qutbul aqtâb (pôle des pôles)ou sahibul waqt (maître de l’heure/ « borom jamono ») ou qutbul fardul jâmi’ (le pôle singulier intégrant). Il est obligatoirement tidjane, c’est un privilège de la voie. D’après les initiés, ElHadji Omar al fûti, El Hadji Malick, serigne Babacar et El Hadji Abdoul Aziz SY ont chacun occupé cette station…

Remarque :les paroles de Seydina Cheikh, aucun wâli ne les a jamais contredites, son statut de chef des wâli de tous les temps n’a jamais été remis en cause par aucun saint , y compris ceux qui ne sont pas dans sa confrérie. « En vérité, les bienfaits sont entre les mains du Seigneur qui les attribue à qui il veut ».

14-fathu: C’est l’ouverture mystique, elle permet d’accéder à certaines connaissances infuses (données, provenant de Dieu et non d’un quelconque livre). Lorsuqe le wâli arrive à un degré où il peut voir le prophète Muhammad (psl), échange avec lui  et lui pose des questions sur certaines réalités, on parle de fathul akbar, la grande ouverture.

15-khatmiya et katmiya:Ce sont les deux stations suprêmes de la sainteté, les deux promontoires de la polarité. Toutes les deux sont des postes singuliers qui ont été définitivement conférés à Seydina Cheikh (rta) et il en sera ainsi jusqu’au jour où le Seigneur, rassemblant toute les créatures de toutes les époques, le jour du jugement dernier et de la rétribution, dira, présentant Seydina Cheikh :« voici celui par qui vous receviez de Ma part  l’influx –al fayd) ». La khatmiya clôture pour toujours les degrés de la sainteté. Quant à la katmiya, c’est un degré secret dont personne ne connaît rien, le prophète excepté. Même Seydina Cheikh, dit-on en a été voilé. La katmiya, Seydina Cheikh y a accédé un dix-huitième jour du mois de  safar.Cette station fait de Seydina Cheikh l’intermonde, l’isthme, le barzakh, entre les alliés (awliyâ) et l’ensemble des prophètes. Seydina Cheikh est l’illuminateur de tous les saints.

La liste n’est pas exhaustive, notre contribution est fort modeste, notre dessein était autre. La connaissance est en Allah, qu’il nous en serve avec les plus grands récipients, par la grâce du pôle des pôles, le soufre rouge, le calife de son ancêtre (seydina Muhammad psl) et héritier de ses secrets, notre maître, intercesseur et éducateur Seydina Cheikh, maître de notre maître et porte-étendard de sa voie, Maodo le patriarche ( rta). Bon gamou 2015!

 

Issa FAYE

Cellule Zawiyya Tijâniyya